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La petite fiancée

Maud Ruget

Les manifestations débutèrent un jour de messe, alors que toute la famille endimanchée attendait dans le vestibule chargé de buée que l’orage s’épuisât. C’était là que, parapluie et bréviaire sous le coude, on aperçut distinctement la trace d’une main se dessiner sur le grand miroir. Au diable la pluie, on se précipita au pas de course vers l’église, les jupons blancs éclaboussés par les flaques, et l’on pria et confessa ses péchés avec une dévotion telle que même le curé en fut surpris.

La seconde occurrence se produisit à peine trois jours plus tard, lorsque l’on entendit de petits coups émanant du grenier. On ne pensa pas tout de suite à mal puisqu’après tout, on avait prié bien pieusement, on avait confessé tous ses péchés et on avait été absous par le curé. Les petits coups résonnaient à intervalles irréguliers et l’on mit cela sur le compte d’une fouine ou d’un loir ou - et c’était la supposition la plus logique - d’un pic-vert. On monta pour déloger l’intrus, sans succès. La nuit suivante, la bestiole fit un grand raffut qui maintint toute la maisonnée éveillée. Et comme le concert de petit coups irréguliers ne semblait vouloir cesser, on poussa, entre sommeil et exaspération, la trappe qui menait au grenier pour apercevoir, à la lueur de la lampe à huile, une canne qui arpentait la pièce sans servir d’appui à qui que ce fût. De terreur, le témoin tomba à la renverse, et perdit connaissance en heurtant le plancher. Lorsque le ……